Septembre 2007: Le
sentier de randonnée entre la partie française de Banyuls et le village de Portbou au nord de l`Espagne est désormais totalement balisé. Tout au long du parcours, à chaque pas, la perspective sur la mer bleu-turquoise et sur les montagnes scintillantes de la chaleur du midi se voit modifiée.
Les fréquentes rafales de la Tramontane, semblables à un ouragan, inspirent aujourdhui le respect, mais demain, ce sera le silence de la solitude.
Une journée à pied très variée, pas de chemin alpin, mais pas de promenade tranquille non plus. Parfois, on va tranquillement entre les vignes et les cours d`eau asséchés, sur des routes solides entre les jardins fertiles, souvent aussi en passant par des sentiers de chèvres étroits et ombragés et entre les oliviers inclinés par la tempête.
Les lézards font leur apparition sur les rochers, si vous avez de la chance vous pourrez admirer un gecko en train de somnoler au soleil. En haut, le chemin de fuite se transforme en un énorme chemin d`éboulis, le col est bien à 500 m au-dessus de la surface de la mer argentée et scintillante. Est-ce qu il y a désormais deux mers? Cette vue panoramique captivante nous fait un instant oublier le destin des milliers de réfugiés qui ont traversé ces sentiers de chèvres et les traversent encore.
La route F, nommée d`après Lisa et Hans Fittko qui ont aidé les fugitifs, guide des milliers de personnes vers Portbou tout en nous rappochant de manière décisive de la liberté.
Et pourtant, c`est là, vers la fin de l`été, que Walter Benjamin se suicidera par peur des nazis ici-présents.